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Crash d'avion en 1944 à la Roche d'Ajoux (côté Propières)

 

1/ Rapport de gendarmerie, Brigade de Monsols 69E283

Le 3 juin 1944 à 10 heures, la brigade à été informée téléphoniquement par Mr Fournier, de PROPIERES (Rhône) que, ce même jour à 9 heures 30, après avoir entendu le passage d’un avion volant à basse altitude, il avait entendu plusieurs explosions et que l’appareil devait avoir percuté dans la montagne mais que l’on ne pouvait rien apercevoir en raison du brouillard.

Notre Commandant de section, avisé aussitôt, nous a prescrit d’effectuer des recherches de l’appareil.

A notre arrivée à PROPIERES, nous avons appris que l’appareil avait bien percuté dans la montagne et qu’il avait pris feu. Au bourg de cette localité, nous avons pu constater qu’un épais nuage de fumée s'échappait d’un bois situé au lieu dit « La roche d’Ajoux » à 2,5 km environ et au sud du bourg de PROPIERES.

Rendus sur les lieux, nous avons constaté qu’un avion bimoteur de nationalité allemande terminait de se consumer et qu’il ne restait qu’un amas de ferraille. Dans les cendres encore fumantes, nous avons remarqué 6 cadavres carbonisés et déchiquetés. Le terrain étant humide par une pluie récente, le feu ne s’est pas propagé au bois qui a été incendié ou coupé sur une superficie de 100 m2 environ.

Nous avons aussitôt assuré la garde de l’appareil et empêché que personne ne s’approche car de nombreuses cartouches percutaient dans les cendres.

A 13 heures, par message téléphonique, notre Commandant de section a été avisé de la découverte de l’appareil.

A 18 heures, un détachement des troupes allemandes de la Base Aérienne de BRON, commandé par un officier, est arrivé sur les lieux et nous lui avons communiqué tous les renseignements recueillis sur les circonstances de l’accident.

Les corps des victimes ont été placés dans des cercueils apportés par le détachement Allemand et transportés au bourg de PROPIERES sur des voitures à bœufs fournis par Monsieur le Maire de la localité.

Après avoir fait enlever quelques pièces de l’appareil n’ayant pas souffert du feu, le Commandant du détachement nous a fait connaître que la garde des débris de l’avion n’était pas nécessaire. Le détachement a regagné la Base de BRON le même soir en emmenant les corps des victimes.

Archives Jean-Louis DELATTRE – Aix-en-Provence Via SLHADA – Bron

Coordonnées GPS du crash :
46.17955, 4.45840
Longitude = 46,17955
Latitude = 4,45840
Altitude = 898 mètres

 

Document Jacques CHASSY

 

2/ Le crash vu par les habitants de Propières

 

 

 

 

 

 

 

 

Document de Colette Chaintreuil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Document de Guy Bénéthuilière

 

Le mercredi 3 juin 1944, aux environs de 9h30, alors qu'un épais brouillard recouvre la montagne, un avion s'écrase contre la Roche d'Ajoux. A l'intérieur de cet avion, de fabrication française, les passagers trouvent la mort. Pour la version officielle de l'époque, quatre soldats se trouvaient à bord, mais d'après tous les témoignages recueillis des habitants de Propières, ils étaient sept et peut-être huit.

Sous l'impact du choc, l'avion a déplacé de plus de deux mètres une énorme roche, et l'avant s'est enflammé instantanément ; l'appareil n'a pas brûlé entièrement, comme en témoigne la photo. Avant l’impact, il a sectionné un très gros sapin et étêté plusieurs arbres, laissant une trace longtemps visible.

Un habitant de Propières travaillait dans les bois à moins de 60 mètre du crash. Il a eu très peur et est descendu, en courant, prévenir le Maire Monsieur Faussemagne. Ce dernier a immédiatement alerté les autorités.

Tous les habitants de Propières, en particulier ceux qui étaient dehors, ont entendu l'avion passer au-dessus de leur maison, à très basse altitude. Le bruit sourd ne leur a laissé aucun doute sur le sort des occupants.

Ce crash a marqué tous les esprits. Pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, il régnait, sur Propières et dans tous les foyers, un climat particulier, pesant. Les conversations ne tarissaient pas sur le sujet. Une grande partie de la population s'est rendue sur les lieux ; les habitants ressentaient la nécessité de visualiser ce crash, témoin réel de la guerre en cours et de la présence des Allemands sur le territoire français. Le garder en mémoire pour mieux le raconter. Pour les enfants de l'époque, les témoins d'aujourd'hui, se mêlent curiosité et excitation. Témoignage de l'un d'entre eux : « J'avais 9 ans et avec mon inséparable copain, en cachette de nos parents, nous sommes montés avec les soldats Allemands sur le lieu du crash ; pour nous tout était découverte : leur langue que nous ne comprenions pas, leurs uniformes et leurs bottes, puis la vue d'un avion de près pour la première fois, la vision des corps éparpillés. Notre jeune âge explique le fait que nous n'étions pas conscients de la gravité de cet évènement et n'avions pas compris la correction reçue le soir par nos parents ».

Au comportement des adultes, les enfants du village sentaient bien que cet évènement laisserait une trace dans l'histoire du Pays.

Aujourd'hui, il ne subsiste plus, de cet évènement, que quelques débris rouillés regroupés sur un rocher.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo L. Clément

 

 

dernière m.a.j. : 30.12.22