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Lessives
et lavoirs d'autrefois
Vers les années 1900, la vie des femmes, déjà
difficile, était encore alourdie par la corvée de
la lessive qui se faisait à la rivière, dans des
« bachasses », des petits bassins, des serves ou des
lavoirs*.
Lavoir
du Mort
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Lavoir
du Peuillon
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Le menu linge
était lavé régulièrement mais la grande
lessive, elle, avait lieu, en principe, deux fois par an, au printemps
et à l'automne.
C'est pourquoi, dans chaque famille, des piles de draps et de
torchons étaient soigneusement rangés dans les armoires.
Ce linge était de chanvre, de lin ou de coton ; il faisait
partie du patrimoine de la famille et était mentionné
dans l'inventaire des biens. On le retrouvait, aussi, partagé
dans les testaments.
Les hôteliers
étaient obligés de laver les draps et autre linge
plus souvent. Par exemple, les propriétaires de la boulangerie-épicerie-tabac-hôtel
garni, se trouvant dans la rue en pente, en face de l' Eglise,
embauchaient des lavandières que l’on appelait aussi
“les laveuses” ou “les femmes de lessive”
qui lavaient une trentaine de draps chaque fois. Celles-ci venaient
faire leur travail dans la serve de Mr et Mme Jean Bénéthuilière
du Bourg, qui, la veille, devaient la nettoyer pour que l'eau
soit propre. Quand il faisait beau, les lavandières étalaient
les draps sur les buissons et les haies, sinon, elles les étendaient
sous un hangar.
Chaque ferme possédait
une chaudière (souvent la même qui servait à
cuire la nourriture des poules et des cochons) et un cuvier en
bois entreposés dans une remise de la ferme.
Dans les familles, la grande lessive durait au moins trois jours.
Le premier jour, les femmes triaient le linge puis le décrassaient
dans l'eau savonneuse, souvent à base de saponaire. Les
hommes préparaient le cuvier. Au fond du cuvier on disposait
des rameaux de genêt (dans le Beaujolais des sarments) ;
par dessus, on étendait un grand drap qui recouvrait aussi
les parois du cuvier.
Le coulage se pratiquait le deuxième jour. Dans le cuvier,
on avait disposé les draps, les torchons, les serviettes
puis le linge plus délicat au-dessus. On repliait le drap
protecteur par dessus le tout et l'on déposait une couche
assez épaisse (10 cm environ) de cendre, préalablement
tamisée pour enlever tout ce qui aurait pu la rendre impure.
Pendant cette opération on chauffait de l'eau, que l'on
versait, au moyen d'un récipient muni d'un grand manche
appelé “le pot”*, sur le cuvier. L'eau bouillante
traversait la cendre et le linge pour ressortir par le robinet
ou la bonde situé au bas du cuvier ; ensuite, elle était
remise à chauffer sur le poêle. Le coulage pouvait
durer la journée et demandait une attention permanente
car il fallait surveiller la température de l'eau et arroser
sans arrêt le linge. C'était long, fatigant et dangereux
car on pouvait se brûler et aussi attraper un « chaud
et froid ».
Le troisième
jour, le linge était chargé sur une brouette ou
autre carriole pour être rincé soit à la rivière,
soit au lavoir. Parfois, pour le transport, les hommes aidaient
les femmes car c'était une charge très lourde pour
elles.
Peu à peu, vers les années 1950/60 , cette grande
lessive a été remplacée par des lessives
plus fréquentes avec des lessiveuses en zinc puis avec
les machine à laver, d'abord à tambour manuel, puis
les lave-linge semi-automatique et automatique.
Il est intéressant
de savoir que, Mr Vermorel Jean, épicier à Propières
jusqu'en 1989, écoulait, par an, dans les années
1960, deux tonnes de savon de Marseille à base d'huile
d'olive. Ce savon servait aussi bien pour se laver que pour désinfecter
les plaies ou faire la lessive. La lessive en poudre ou liquide
n'existait pas encore.
Le
lavoir municipal de Propières :
Photo
appartenant à J.Chassy
Au début
du 20ème siècle, la plupart des ménagères
du bourg faisaient leur lessive au lavoir municipal qui possédait
un compartiment pour le savonnage et un autre pour le rinçage,
ce dernier pouvant, occasionnellement, servir d'abreuvoir pour
les boeufs.
La démolition
du lavoir a suscité une pétition. Selon un habitant
: « Cette pétition a fait long feu, car les machines
à laver étaient en train de se répandre partout
et finalement les Propironnes ont décidé que c'était
une occasion de se moderniser. ». Toutefois, il rajoute
: « Je suis convaincu que cette destruction a été
une grave erreur car le lavoir était très beau et
faisait partie de notre Patrimoine. Il aurait fallu le déplacer
mais pas le faire disparaître », conclut-il.
* appelé
“le gitou” dans la Vallée d’Azergues
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